Trois idées de séries : « Wise Guy », « Only Murders in the Building », « Fortune de France »

LA LISTE DE LA MATINALE
Le rétroviseur s’impose comme accessoire de la semaine : d’abord pour revenir sur l’histoire d’un classique, avec son créateur ; ensuite pour retracer, encore, les pas d’un criminel en compagnie de Charles, Mabel et Oliver ; enfin pour retrouver le plaisir un peu suranné de la série historique façon service public.
Il a beau ne pas aimer parler de lui, c’est avec une amabilité tout en retenue que David Chase se prête aux questions du documentariste Alex Gibney pour Wise Guy, documentaire événement produit par HBO sur la série qui a fait d’elle la chaîne où il fallait être. De l’enfance de Chase dans le New Jersey au tournage du pilote des Soprano, en passant par sa découverte du cinéma de Godard à l’université et sa relation tumultueuse avec sa mère, Wise Guy dessine la généalogie d’une série matricielle pour la « prestige TV », succès populaire dès sa première saison (contrairement à sa rivale de Baltimore, The Wire) et régulièrement placée en tête des classements des meilleures séries de tous les temps.
Riche des confidences de David Chase, mais aussi du témoignage des cadres de HBO qui ont permis à la série d’exister et des acteurs qui en ont interprété les personnages, ce documentaire en deux parties met aussi en lumière un moment décisif de la télévision américaine, qui a vu émerger les grands showrunners et dessiné un espace de liberté et de créativité dans un environnement d’ordinaire très contraint d’un point de vue économique. Avant tout destiné aux fans de la série (attention, spoilers !), Wise Guy est aussi le portrait d’un « homme tourmenté » (comme le journaliste Brett Martin désignera les héros des grandes séries des années 2000 ainsi que leurs géniteurs), tiraillé entre ses ambitions cinématographiques et son talent pour la série, mais qui a eu la sagesse d’occuper le terrain sur lequel il était le meilleur. Un wise guy, assurément. Au. F.
Documentaire d’Alex Gibney (EU, 2024, 2 × 80 min). A la demande sur Max.
En voyant notre trio de podcasters détectives favori décamper pour Hollywood au premier épisode, on se demande comment cette quatrième saison pourra rester fidèle au titre de la série : uniquement des meurtres commis dans un immeuble, l’Arconia en l’occurrence, immense bâtisse de l’Upper West Side new-yorkais. Cette excursion californienne reste brève, juste le temps pour Charles-Haden Savage, l’acteur coincé (Steve Martin), Oliver Putnam, le producteur narcissique (Martin Short) et Mabel Mora, la jeune artiste quasi dépressive (Selena Gomez) de faire connaissance avec les stars hollywoodiennes qui les incarneront à l’écran. C’est-à-dire Eugene Levy, Zach Galifianakis et Eva Longoria.
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