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Michel s’dépêche

Le briefing politique essentiel du matin.
Par SARAH PAILLOU
Avec ELISA BERTHOLOMEY et ANTHONY LATTIER
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C’EST POUR AUJOURD’HUI OU POUR DEMAIN. On y est presque ! La composition de l’équipe de Michel Barnier sera dévoilée “avant dimanche”, a promis le pôle communication de Matignon une fois la nuit tombée ; peut-être même dès cet après-midi, complétait quelques heures plus tard un conseiller du Premier ministre. Tout dépendra de la durée des traditionnelles vérifications de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique… et de quelques ultimes ajustements.
Bruno Retailleau à l’Intérieur, un duo Antoine Armand-Mathieu Lefèvre à Bercy, Jean-Noël Barrot au Quai d’Orsay, Sébastien Lecornu aux Armées… Playbook vous a évidemment concocté la liste des quasi-certitudes (lecteurs avisés, vous savez que tant qu’une nomination n’est pas officielle, elle peut disparaître même à la toute dernière minute), hypothèses et points d’interrogations. Bonjour à toutes et tous, nous sommes vendredi 20 septembre 2024.
DERNIÈRE CHANCE. Une ultime réunion des chefs à plumes des partis appelés à soutenir Michel Barnier, tous réunis autour de lui à Matignon, a ouvert hier la foire aux fuites. Grâce à ce “moment-clé”, “les choses se sont apaisées”, selon le conseiller cité plus haut, après les tensions de la veille qui ont failli aboutir à une démission du PM, nous promettait encore hier un stratège LR. La causerie a notamment permis de fixer le quota des Républicains… et le sort de Laurent Wauquiez, deux sources de ronchonneries en Macronie ces derniers jours. Le Premier ministre a ainsi pu se rendre en début de soirée à l’Elysée pour présenter son casting à Emmanuel Macron.
Dernier non. L’un des paramètres qui a bougé fort tardivement, compliquant d’autant la tâche des recruteurs, c’est le refus de Wauquiez de devenir ministre de l’Economie. A l’issue des conciliabules entre cadres de la future majorité, celui-ci s’est vu proposer le poste, officiellement pour la première fois, et l’a donc décliné, nous a confié l’un de ses proches. Qui pianotait : “Il a toujours été clair avec Matignon”, en indiquant qu’il n’entrerait au gouvernement qu’au ministère de l’Intérieur.
Dernier arbitrage. Las, selon ce que le président des députés Droite républicaine a annoncé à ses troupes réunies en début de soirée, c’est son homologue au Sénat, Bruno Retailleau, qui devrait hériter de la Place Beauvau. “Barnier ne pouvait pas avoir les deux, c’est là que ça crispait avec les autres [partis], décryptait nuitamment un parlementaire de poids au fait des tractations. Avec Retailleau, vous pouvez dealer, faire des compromis, il l’a montré au Sénat, sur les retraites, l’immigration, le budget.” D’aucuns voyaient aussi dans ce choix l’influence du président de la Chambre haute, Gérard Larcher.
Dernières vérifs. Les autres noms du quota LR, tels que listés par Wauquiez, semblent donc eux aussi en bonne voie : les députés Annie Genevard et Patrick Hetzel devraient devenir ministres de plein exercice, respectivement à l’Agriculture et à l’Enseignement supérieur. Parmi les ministres délégués et secrétaires d’Etat : le pécressiste Othman Nasrou à la Laïcité ; les parlementaires Jean-Louis Thiériot au ministère de la Défense, avec un portefeuille incluant entre autres les Anciens combattants ; Laurence Garnier à la Famille ; Sophie Primas au Commerce extérieur et au tourisme ; François-Noël Buffet aux Outre-mer.
Dernier LR. Manque encore à l’appel un représentant de la droite, à en croire la clé de répartition fixée par Michel Barnier. D’après ce qu’en a dit Wauquiez aux députés DR, son camp est supposé hériter de neuf postes au total, sur 38 membres du gouvernement. Le nom de Nicolas Forissier (député de l’Indre), pour le ministère des Relations au Parlement, revenait dans la nuit avec insistance.
Premiers coups de gueule. N’allez pas croire que ces avancées dans la composition du gouvernement signifient la joie des macronistes. Ce pré-casting LR crispait déjà au sein de l’ex-majorité, en tout cas à la lecture des messages reçus dans la nuit par Playbook : “Je ne me suis pas engagé en 2017 pour avoir Retailleau à l’Intérieur”, nous écrivait l’un.
Première virée ? Quand une petite main enrageait de découvrir pour la Famille le nom de Laurence Garnier, qui s’était opposée à l’inscription de l’IVG dans la Constitution, à l’interdiction des “thérapies de conversion” ou encore au mariage homosexuel. Un cadre de Renaissance, “monté au créneau” comme d’autres, voulait même y croire mordicus au mitan de la nuit : “Le PR a fait retirer Garnier de la liste”, nous a-t-il clavardé ; sans que Playbook puisse obtenir confirmation.
7+3+2… Le reste de l’équilibre gouvernemental proposé par le Premier ministre a été précisé par son prédécesseur, lors d’une réunion des députés Ensemble pour la République, selon une source au groupe. Sortant de Matignon, Gabriel Attal a ainsi détaillé que sur 16 ministères de plein exercice, sept reviendraient à EPR, trois à LR, deux au MoDem, et un chacun pour Horizons, l’UDI, un “divers droite” et un “divers gauche”.
Sur le fond, l’ex-PM s’est aussi félicité que Barnier ait “clarifié sa ligne” sur l’immigration, entre “rigueur et humanité” ; et exclu des hausses d’impôts “sur les classes moyennes et les Français qui travaillent”, selon le récit d’une participante.
Merci Lolo. Votre infolettre a évidemment fait chauffer son cellulaire, à l’instar de ses confrères, pour vous glaner un maximum de noms. Deux sources nous ont glissé que le président du groupe EPR se disait confiant sur l’obtention pour son camp de l’Economie et l’Industrie, l’Education et l’Ecologie, entre autres. Pour le premier portefeuille, le refus de Wauquiez pourrait entraîner les promotions des députés Antoine Armand et Mathieu Lefèvre, qui se partageraient Bercy entre, respectivement, Economie/industrie et Budget.
Presque fait. Tous nos interlocuteurs nous ont aussi confirmé que le maintien de Sébastien Lecornu aux Armées était acquis. En revanche, alors que certains l’imaginaient à l’Education, Rachida Dati devrait bien rester à la Culture.
Plus incertain. Catherine Vautrin (comptée, comme Dati, dans le quota EPR) pourrait déménager de son méga-ministère Travail-Santé-Solidarités vers les Territoires. L’arrivée d’Astrid Panosyan-Bouvet au Travail était évoquée (et même annoncée notamment par BFMTV) ; tout comme celle de Benjamin Haddad à l’Europe et du retour d’Agnès Pannier-Runacher à l’Ecologie. Plusieurs de nos sources citaient aussi Maud Bregeon comme future porte-parole.
C* dans le Patay. Hier soir, le sort de la députée Stéphanie Rist, pressentie pour les Solidarités, perturbait cette ébauche de quota EPR. En cause, d’après une source interne au groupe : le refus de son suppléant, Stéphane Chouin, maire de Saint-Hilaire-Saint-Mesmin et directeur général des services à Patay, de siéger. Le cas échéant, sa démission provoquerait une élection partielle dans le Loiret, dont la Macronie se passerait volontiers.
Vous avez remarqué ? Certes, l’ancienne majorité représenterait, si cette liste se confirmait, le plus gros contingent de l’exécutif. Mais-mais-mais la plupart d’entre eux sont issus de la droite et/ou “ont pris leurs distances avec le président”, soulignait via messagerie cryptée un conseiller macroniste, amer.
LE MODEM devrait, sauf surprise, être représenté par Jean-Noël Barrot au ministère des Affaires étrangères et l’ex-ministre Geneviève Darrieussecq à la Santé.
Sans maroquin fixe. Le portefeuille de la représentante de l’UDI demeure encore incertain, mais Playbook peut vous glisser son identité : ce devrait être Valérie Létard, députée du Nord siégeant au sein du groupe Liot. Proche de Jean-Louis Borloo, elle avait été secrétaire d’Etat sous Nicolas Sarkozy, chargée de la Solidarité puis des Technologies vertes.
Pour la Justice, circulait dans la nuit le nom de Didier Migaud, actuel président de la HATVP (oui, oui, celle qui est actuellement sollicitée pour mener les vérifications déontologiques préalables à toute entrée au gouvernement). L’ancien député socialiste serait alors l’unique personnalité issue de la gauche de l’équipe.
PAR ICI LA SORTIE. Un proche de Gérald Darmanin a spontanément pris le clavier dans la nuit, pour nous commenter cette “aventure ministérielle qui se termine”. Les plus vifs d’entre vous l’auront remarqué, le remuant ministre de l’Intérieur ne figure pas au premier jet du casting Barnier. Notre interlocuteur nocturne y voyait un responsable de poids : Alexis Kohler, qui “ne l’a pas du tout soutenu dans la dernière ligne droite”.
Et il remet le son. D’après le récit de notre source, celui qui rêvait du Quai d’Orsay a eu vent du manque d’enthousiasme à son égard de l’influent secrétaire général de l’Elysée dès mardi matin. Ce qui a déclenché alors son offensive anti-hausse d’impôts, dénonçant un Michel Barnier prêt à trahir le bilan macroniste, et auquel il faudrait donc s’opposer. Une façon de “monter le son”, de prouver qu’il serait “plus nocif à l’extérieur qu’à l’intérieur”, explique dans la journée l’un de ses conseillers à un interlocuteur, qui nous le rapporte. Le Tourquennois goûte peu, aussi, de n’avoir été reçu “que 30 minutes en douze jours” par le PM, selon notre première source citée.
Mais-mais-mais la menace produit l’effet inverse. Elle braque le chef du gouvernement. “Le PR a poussé, mais Barnier n’en voulait pas”, nous a assuré cette nuit un conseiller au fait des tractations. Un autre abondait mardi : “Ce que [Darmanin] a fait, c’est plus que grossier, c’est déloyal. Barnier, il n’a pas envie de composer avec ce genre de mec, ce serait la prime au plus malveillant.”
À LA SORTIE DU BUREAU. Au fait, si les noms cités se confirmaient, voilà qui mettrait un joyeux bazar au sein du bureau de l’Assemblée nationale : Annie Genevard y est vice-présidente, Jean-Noël Barrot et Antoine Armand tous deux présidents de commission. Autant de postes à pourvoir de nouveau. En cas de non consensus entre les groupes parlementaires sur les noms de leurs remplaçants, “il faudra refaire une élection”, soupirait déjà hier soir un collaborateur parlementaire.
Spoiler alert. Vu la sérénité dans la quelle s’était déroulée la première édition de cette distribution des postes en juillet (relisez-nous ici ), qui avait vu le Rassemblement national exclu de toute responsabilité, vous ne prendrez pas trop de risque en pariant sur une absence de consensus.
QUAND ON VEUT. Après un long bras de fer, les députés Eric Coquerel et Charles de Courson ont fini par obtenir de Michel Barnier des détails sur les dépenses prévues au projet de loi de finances pour 2025 sous la forme de documents, aussitôt récupérés par mon collègue Paul de Villepin. A première vue, ce budget de 492 milliards d’euros identique à celui de 2024 confirme ce qui était déjà dans les tuyaux.
À y regarder de plus près, certains postes de dépenses subissent des coupes, principalement la mission travail et emploi (-2,3 milliards d’euros) ; quand d’autres y gagnent au change, notamment les missions régaliennes. Les plus curieux de nos abonnés liront Paris Influence, les fanas d’Energie les précisions de mes collègues d’Energie&Climat.
Christophe Béchu se rend au Salon des maires et des collectivités territoriales de Maine-et-Loire, à Chemillé-en-Anjou.
Gérard Larcher clôt les assises annuelles de l’APVF à Amboise, où il se rend à 11h15, avant de participer à la remise de l’Insigne de Chevalier de la Légion d’honneur à Philippe Court, préfet du Val-d’Oise à 18h30.
Gabriel Attal se rend à Nogent-sur-Marne pour une soirée militante Renaissance.
Samedi : Gabriel Attal se rend à plusieurs rentrées de fédérations Renaissance, dans l’Orne, dans les Hauts-de-Seine et à Rosny-sous-Bois en Seine-Saint-Denis.
Rencontres de la social-écologie à Beaucouzé, avec la présence notamment de Laurent Berger, Cécile Duflot, Raphaël Glucksmann, Guillaume Gontard, Yannick Jadot, Agnès Pannier-Runacher, Johanna Rolland, Stella Dupont, Danielle Simonnet et Laurence Tubiana.
Manifestation contre le gouvernement Barnier à l’appel de plusieurs associations étudiantes, écologistes et féministes. Le rendez-vous à Paris est à 14 heures place de la Bastille. 
7h15. France 2 : Bruno Cautrès, politologue.
7h30. Public Sénat : Mélanie Vogel, sénatrice EST des Français établis à l’étranger.   
7h40. TF1 : Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée, députée du Val-de-Marne … France 2 : Franck Riester, député EPR de Seine-et-Marne … RTL : Clémentine Autain, députée ES de Seine-Saint-Denis  … RMC : Philippe Brun, député PS de l’Eure.   
7h45. Franceinfo : Sandrine Rousseau, députée ES de Paris … Radio J : Sylvain Maillard, député EPR de Paris.
8h00. Public Sénat : Guillaume Ancel, ancien officier, écrivain et chroniqueur.  
8h10. Europe 1/CNEWS : Manon Aubry, eurodéputée LFI. 
8h15. France 2 : Jean Garrigues, spécialiste d’histoire politique … Radio Classique : Bertrand de Feydeau, vice-président de La Fondation du Patrimoine … RMC : David Olivier Kaminski, avocat de Gims.
8h20. France Inter : Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes … RFI : Nicolas Cabaton, chercheur INRAE en toxicologie alimentaire dans l’unité Toxalim de Toulouse.   
8h30. Franceinfo : Geoffroy Didier, secrétaire général délégué de LR … BFMTV/RMC : Franz-Olivier Giesbert, éditorialiste au Point et auteur du livre Histoire intime de la Ve République … Sud Radio : Jérôme Guedj, député PS de l’Essonne … LCI : Prisca Thevenot, députée EPR des Hauts-de-Seine. 
AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE. Budget 2025 : Barnier balance enfin les chiffres (et endosse les dépenses d’Attal) … Crédit d’impôt recherche : les lobbyistes prêts à sortir le marronnier du feu … Sciences Po, Mission French Tech : c’est jour de jury ! C’est à 7h30 pour nos abonnés POLITICO Pro.
DANS LE JORF. Nouvelle salve de nominations à Matignon où Isabelle Misrachi devient cheffe adjointe de cabinet, Hervé Machi conseiller justice, Baptiste Mandard conseiller technique affaires intérieures et immigration, Claudie Calabrin conseillère technique finances locales et action publique territoriale, Fabio Gennari conseiller technique décentralisation et collectivités territoriales, Paul Bazin conseiller travail, emploi, insertion et retraites et Cédric Arcos conseiller santé, autonomie et protection sociale. Tristan Fulchiron, conseiller transformation numérique de Gérald Darmanin, quitte la place Beauvau. Son homologue dans le cabinet de Stanislas Guerini, Damien Seux s’en va aussi.
MÉTÉO. Des éclaircies à Perros-Guirec, où le couple Macron devait se rendre mais a décommandé pour “contraintes météorologiques” empêchant l’avion présidentiel de se poser.
ANNIVERSAIRES : Elisabeth Moreno, ancienne ministre … Isabelle Santiago, députée PS du Val-de-Marne … Philippe Mouiller, sénateur LR des Deux-Sèvres … Stéphane Delautrette, député PS de la Haute-Vienne … Aurélie Trouvé, députée LFI de Seine-Saint-Denis. 
Samedi : Agnès Canayer, sénatrice LR de la Seine-Maritime … Rody Tolassy, eurodéputé RN … Murielle Laurent, eurodéputée PS.
Dimanche : Ségolène Royal, ancienne ministre de l’Environnement … Jean-Claude Tissot, sénateur SER de la Loire … Richard Yung, ancien sénateur … Florent Boudié, député EPR de la Gironde … Bruno Bilde, député RN du Pas-de-Calais … Marie-Christine Blandin, ancienne sénatrice.
PLAYLIST. Filez découvrir You’re Beautiful Tonight, d’Enflure.
Un grand merci à : nos éditeurs Matthieu Verrier et  Pauline de Saint Remy, Sofiane Orus Boudjema pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne.
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